1802

AMÉRIQUE DU NORD :
Création du Suprême Conseil du 33e degré pour les Etats-Unis

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, il existe des Grandes Loges Symboliques Moderne ou/et des Anciens dans douze Etats d’Amérique du Nord. Les maçons américains sont très attirés par les Hauts Grades. L’Ordre du Royal Secret à 25 grades, introduit dès 1767, se rencontre plutôt dans les milieux urbains, précisément à Charleston. Le 23 septembre 1801, un membre de la Grande Loge des Anciens y annonce la création d’un Suprême Conseil du 33e degré pour les Etats-Unis d’Amérique. Ce Suprême Conseil limite le nombre des degrés au nombre symbolique de 33, ce qui implique l’ajout de 8 grades aux 25 de l’Ordre du Royal Secret.

En 1802, le Suprême Conseil de Charleston annonce cette création aux organismes et ateliers de Hauts Grades du monde entier, il précise qu’il laisse les grades bleus aux Grandes Loges.
Un rite est donc créé qui définit un système composé de 3 grades symboliques et de 30 hauts grades au-delà du grade de Maître. Ce n’est qu’à Paris, en 1804, qu’il prendra le nom de Rite Ecossais Ancien et Accepté. A Paris, aussi la liste des 30 Hauts grades sera complétée et ordonnée par le Grand Orient de France.

Première remarque : Il s’agit bien d’un rite au sens donné en entrée de cet exposé, car de l’ordre a été mis dans les grades nés d’un jaillissement de l’esprit au milieu du XVIIIe siècle (la circulaire de 1803 mentionne l’existence de 52 hauts grades dont seuls 33 sont retenus), grades que les anglais appellent des degrés latéraux « side degrees ».

Deuxième remarque : lors de sa création, il n’existe pas de grades bleus spécifiques au REAA, pas plus qu’il n’en existe aujourd’hui dans les Iles Britanniques ou aux Etats-Unis.

En février 1802, le Suprême Conseil de Charleston remet une patente à un maçon français, chassé quelques années plus tôt de Saint-Domingue, le comte de Grasse-Tilly. Il l’autorise à « constituer, établir et respecter toutes les Loges, Chapitres, Conseils et Consistoire de l’Ordre Royal et militaire de l’ancienne et moderne Franc-Maçonnerie sur les deux hémisphères ». Il lui accorde donc, en totale contradiction avec le contenu de la circulaire adressée à l’ensemble des loges, un pouvoir sur les loges symboliques, ce qui sera lourd de conséquence en France.

Deux ans plus tard, le 4 juillet 1804, de Grasse-Tilly, ruiné, débarquera à Bordeaux. Il partira à Paris, bien décidé à utiliser la patente dont il est porteur.
Quel est l’état de la Franc-maçonnerie à cette date, quarante-trois ans après le départ d’Etienne Morin ?